Développé par des chercheurs de l’Institut de Mathématiques de Bordeaux, un nouveau logiciel permet d’améliorer la précision et la sécurité du geste du radiologue interventionnel lors de procédures minimalement invasives. Il s’agit d’un système automatique de recalage spatial d’images.
Une licence d’exploitation a été signée entre la SATT Aquitaine Science Transfert et la société grenobloise Imactis, spécialisée en radiologie interventionnelle assistée par ordinateur, pour commercialiser cette solution innovante.
La radiologie interventionnelle permet d'atteindre très précisément une cible ou une lésion située à l’intérieur de l’organisme, pour effectuer un acte diagnostique ou thérapeutique. Celui-ci se réalise sous contrôle de l’imagerie, via les vaisseaux, les voies naturelles ou directement à travers la peau, à l'aide d’aiguilles. Le caractère mini-invasif de ce type d’intervention et la diminution de la durée d'hospitalisation en font une méthode de plus en plus pratiquée dans le monde.
Toutefois, lors de la prise en charge du patient, des déformations spatiales peuvent subvenir entre les différentes imageries réalisées dues à de légers mouvements des organes dans le corps, à des positions différentes du patient ou à des modes d’acquisition d’images différents (échographie, scanner ou IRM). Ces déformations perturbent la visibilité lors de l’intervention et pourraient entraîner, par exemple, des perforations involontaires d’organes présents dans la trajectoire d’une aiguille. Il est donc nécessaire de réaliser des contrôles scanner régulièrement pendant l’intervention.
Dans le cadre de ses travaux de recherche, Baudouin Denis de Senneville, chargé de recherche à l’Institut de Mathématiques de Bordeaux IMB (université de Bordeaux, Bordeaux INP, CNRS) a eu l’idée de développer un logiciel de recalage élastique des images, avec l’aide de Luc Lafitte, ingénieur d’étude et développeur logiciel spécialisé en imagerie médicale.
L’algorithme permet d’estimer, à partir d’images obtenues à l’aide de modalités variées d’imagerie, le déplacement d’organes présents à l’écran. Il compense ainsi les mouvements et replace les organes sur une position commune de référence.
« Pendant toute la durée de prise en charge du patient et de son suivi, le praticien s’appuie sur des images obtenues à l'aide de modalités variées d'imagerie. Nous pouvons désormais fusionner toutes ces images du patient à l’aide de métriques mathématiques adaptées. Trois ans de développement ont été nécessaires pour concevoir ce logiciel compatible avec les contraintes liées à la routine clinique : il est automatique et ne nécessite pas de calibrage manuel par le médecin, il est adaptable à n’importe quel système d’exploitation et offre des temps de calcul relativement rapides », explique Baudouin Denis de Senneville.
La société grenobloise Imactis, spécialisée en radiologie interventionnelle assistée par ordinateur, développe et commercialise des solutions innovantes pour assister le radiologue interventionnel lors de procédures minimalement invasives (biopsie, ablations de tumeurs, vertébroplasties, infiltrations, drainages…). La start-up s’est rapprochée du laboratoire, voyant dans cette technologie l’opportunité d’améliorer considérablement la précision et la sécurité du geste durant les interventions.
Le système CT-Navigation™ d’Imactis permet de planifier des trajectoires complexes d’aiguilles à travers la peau du patient et de suivre leur progression en temps réel. Composé d’un émetteur et d’un récepteur, le dispositif de localisation (de type GPS), permet l’affichage de la trajectoire de l’aiguille en temps réel dans deux coupes reconstruites extraites de scanner. Pour chaque procédure, le système permet de diminuer le nombre de contrôles scanner et maintient alors l’irradiation aussi basse que possible pour les patients et les radiologues (+ d’infos en vidéo).
Une licence d’exploitation a été signée entre Imactis et la SATT Aquitaine Science Transfert pour l’intégration du logiciel dans les technologies Imactis.
Cet accord d’exploitation va donner lieu à une nouvelle collaboration de recherche entre Imactis et le chercheur avec la mise en place d’une thèse de doctorat (CIFRE).
« Grâce à la SATT Aquitaine qui a joué le rôle d’interface entre le laboratoire et l’entreprise, nous avons fait le grand écart, de l’équation écrite au crayon à papier, jusqu’au lit du patient, en passant par l’implémentation numérique ! Ce logiciel marque l’aboutissement de dix années de travaux de recherche en mathématiques appliquées. C’est une vraie satisfaction de voir ses travaux de Recherche aboutir en clinique et s’avérer bénéfiques pour le patient », rajoute Baudouin Denis de Senneville.
« Avec plus de 50 systèmes installés en Europe et aux Etats-Unis, notre solution a été prouvée dans plus de 6000 interventions et nous poursuivons son déploiement. Parmi les avancées souhaitées par plusieurs de nos utilisateurs, le recalage figure en bonne place pour compenser les mouvements d’organe. Le travail très performant de l’équipe de Bordeaux est dans ce domaine un élément primordial des progrès visés », explique Georges Tabary, président d’Imactis. « Nous attendons beaucoup de cette collaboration ».
